« L’état des lieux de la presse en Guinée »

A l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai de chaque année, le CIRD a organisé une table ronde sur la thématique  « L’état des lieux de la presse en Guinée ». Elle a réuni Moussa Iboune Conté, Président de l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI), Bah Thierno Souleymane, Chef du Département journalisme et communication de l’Institut Universitaire des Hautes Etudes de Guinée et Dr Mamadou Dindé Diallo, Vice doyen de la Faculté des Sciences Sociales de l’Université de Kindia.

Selon Dr Dindé, l’histoire de la presse en Guinée peut remonter à la période coloniale, précisément en novembre 1925, avec l’existence du Bulletin religieux. Un journal qui informait sur la vie des religieux jusqu’en 1940. La période 1946-58 a connu connaissait déjà une presse plurielle en Guinée, avec 24 titres, sans compter le journal de Maurice Voisin, lu en Guinée à l’époque. Les Africains avaient la possibilité de créer des journaux, a ajouté le Dr Dindé. C’est ainsi que Sékou Touré a utilisé le journal Phare de Guinée pour véhiculer son message. Il a rappelé qu’au lieu des journalistes, ce sont des militants qui écrivaient, comme Mamadou Traoré qui avait pris comme sobriquet REOTRA.

A l’indépendance du pays et au nom de l’unité nationale, les autres partis se sont fondus dans le PDG, parti unique et un journal unique Liberté qui deviendra plus tard Horoya. Il a fallu quelques années pour voir des titres comme Foniké, la Ginè Ginè, Sofa, avec des lignes rédactionnelles dictées par le Bureau politique national du PDG.

Selon le conférencier, le discours de la Baule, l’élaboration de la loi fondamentale guinéenne et certaines lois organiques comme celle partant liberté de la presse ont ouvert une ère nouvelle pour le monde médiatique en Guinée. Des hommes comme Bah Mamdou, Diallo Souleymane, Alassane Diomandé se battus pour la liberté de la presse. Et des titres comme Le Lynx et d’autres sont nés. Depuis, le ciel s’est éclairci, bien que parfois ce au pris des luttes. Car, dans cette ouverture démocratique naissante, les journaux comme Le Lynx a fait des dénonciations des tares (népotisme, injustice, mal gouvernance, la dictature) des régimes son credo.

Selon Moussa Iboune Conté, si la réflexion était restreinte et pouvait conduire à la prison, maintenant le cadre juridictionnel a évolué. On ne va plus en prison. Même que l’Etat accorde une subvention de 300 milles euros par an à la presse privée. Mais il reste encore des défis : la vulgarisation des textes sur la liberté de la presse, l’application par la Guinée de la Convention de Florence.

Pour Bah Thierno Souleymane, si la liberté d’expression est garantie pour tous par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, les journalistes ont besoin de sécurité. Il a évoqué le respect pour le journaliste de l’éthique et de la déontologie et rappelé le classement RSF de 2017 où la Guinée occupe le 101e rang sur 180 pays.

« Lutte contre le paludisme en Guinée: Acquis et Défis »

Conférence-débat

Le 28 avril, Dr Amadou Sadio Diallo et Dr Souleymane Diakité, tous du Programme national de lutte contre le paludisme, ont animé une conférence débat sur les acquis et défis liés à la lutte contre le Paludisme en Guinée. Le Paludisme dont le vecteur est le moustique anophèle, est devenu un des premiers problèmes de santé publique en Guinée. C’est une endémie qui touche tout le pays, mais davantage en saison pluvieuse. Le moustique se développe où il y a de l’eau. De Gaoual à Mandiana, la pluviométrie dure environ 4 mois avec une transmission saisonnière du paludisme de juin à septembre. Il y a plus de paludisme dans les zones centrales et sud que dans le nord. En moyenne 934165 cas de paludisme sont notifiés chaque année de 2006 à 2016

  • La part du paludisme dans la morbidité générale varie de 28 à 32 % de 2014 à 2016. 30 % des maladies diagnostiquées sont le paludisme.
  • Nombre de décès enregistrés dans les structures de santé sont dus au paludisme : 1066 en 2014 et 867 en 2016.

Face à ces drames, le gouvernement, les partenaires ont pris des mesures :

  • diagnostic et prise en charge,
  • la lutte contre les vecteurs du paludisme,
  • la prévention chez la femme enceinte, chez l’enfant et le nourrisson.

La lutte contre le vecteur est d’empêcher que le moustique ne pique l’homme. Généralement le moustique pique la nuit. Il faut utiliser la moustiquaire imprégnée, pulvériser la maison et gérer l’environnement par l’assainissement.

Donner le produit SP aux femmes enceintes au cours de leurs consultations prénatales ou au nourrisson. Une autre stratégie est de donner le produit ASAQ aux enfants.

Il faut de la sensibilisation, du personnel, des ressources. En dépit des moyens limités du pays, le gouvernement se bat pour maintenir et renforcer les acquis. Il s’inscrit dans la stratégie de lutte mondiale 2016-2030 (ODD).

« Bilan et perspectives des recherches dans le domaine de la Pharmacopée et de la Médecine Traditionnelle en Guinée »

Conférence-débat.

Le Professeur Aliou Baldé, Directeur du Centre de recherche de plantes médicinales de Dubréka (Guinée), a animé, le 21 avril 2017 au CIRD, une conférence-débat. Pour faire le point sur les recherches dans le domaine de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle en Guinée. Dans sa communication, il a fait l’historique  de la recherche sur les plantes médicinales en Guinée avec la création du Centre  de Sérédou  à Macenta  pendant la période coloniale. Les recherches dans ce centre ont permis, selon le conférencier, de mettre au point plusieurs médicaments contre des maladies tropicales comme le paludisme (la nivaquine extraite de la plante quinquina) et des déparasitants   intestinaux.  Le Professeur Baldé a évoqué le faible financement de la recherche dans le domaine de la pharmacopée et la médecine traditionnelle. Il a aussi déploré le fait que des tradipraticiens (herboristes et autres) mystifient leur savoir et refusent de collaborer avec des scientifiques.

Parlant du centre de Dubréka, il soulignera quelques succès enregistrés comme la mise au point du médicament contre l’hypertension artérielle (Guinex HTA) en vente dans les pharmacies et de médicaments contre le diabète.

Pour finir, il a lancé un appel pour un partenariat fécond entre tenants de la médecine moderne et ceux de la médecine traditionnelle.

Focus sur Williams Sassine

Le 15 avril 2017, le CIRD a organisé la journée Focus sur Williams Sassine, célèbre écrivain, journaliste et enseignant. L’objectif était de revisiter sa vie et son œuvre.

Les journalistes Souleymane Diallo, Bah Mamadou Lamine et Thierno Saîdou Diakité du groupe de presse Lynx-Lance ont témoigné sur le parcours journalistique de Williams Sassine. Dans le journal satirique le Lynx, Sassine animait la rubrique intitulée La Chronique Assasine.

Il est l’auteur de plusieurs romans dont : l’Afrique en morceaux, Mémoire d’une  peau, Le Zéhéros  n’est pas n’importe  qui,  Le jeune Homme de sable, Saint Monsieur Baly.

La journée a connu l’exposition de quelques œuvres de l’écrivain. Aussi, le théâtre national de Guinée a interprété sur scène Légende d’une vérité, œuvre de Sassine. Il y a eu ensuite la déclamation de poèmes par des étudiants de l’Université de Sonfonia.

Monsieur Mamadou Yaya Sow, chef de département Lettres modernes à l’Université de Sonfonia a exposé sur le thème : « Sassine, un écrivain au service des sans voix ».

Le conférencier a axé son travail sur les éléments suivants :

Sassine, l’homme de l’exil ; Sassine, l’homme qui rêve du bonheur pour les marginaux ; La critique des intellectuels et du pouvoir ; La satire de la dictature ; La poétique de Sassine ; Le bestiaire au service de la satire politique ; L’écriture du métissage.

Monsieur Sow de conclure : « Williams Sassine fait partie des écrivains les plus engagés du continent africain. Toutes les thématiques  développées mettent l’accent sur les problèmes auxquels l’Afrique contemporaine est confrontée : misère, corruption, dictature, trahison des intellectuels… mais également aspiration à la liberté, révolte qui gronde en chacun des hommes ayant pris conscience de la nécessité de bousculer les habitudes pour l’éclosion d’une société heureuse et juste. Sassine c’est aussi le refus de l’aliénation ! »

« La Théorie des nombres »

Le 22 avril 2017 au CIRD, Guillaume Harving, professeur de mathématiques à l’université Gandhi de Conakry, a fait une présentation sur sa trouvaille. Le thème de la rencontre était « La théorie des nombres ». Il a commencé par donner sa source d’inspiration : le chiffre 7, en précisant que son domaine de recherche est l’arithmétique.

Il a défini le nombre premier comme celui ne possédant que 2 diviseurs : 1 et lui-même. Ce sont 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, etc. Le nombre 1 n’est pas un nombre premier. Un nombre est soit premier, soit composé.

Il a également parlé des entiers naturels (les entiers pairs et impairs), deux familles de nombres premiers (nombre impair composé et nombre impair non composé).

L’une des problématiques du millénaire a été résolue par Grigori Perelman, un Russe en 2004. Harving dit avoir axé sa recherche sur la répartition des nombres premiers et a élaboré un schéma. Une trouvaille qui intéresse des chercheurs Sud-africains qui collaborent déjà avec lui.

« Effets du changement climatique sur la Guinée : Cas du littoral ». Conférence- débat

Dr Kandé Bangoura, chercheur océanographe au Centre de recherche scientifique de Conakry Rogbané (CERESCOR), a animé une conférence-débat le 14 avril 2017 au CIRD. Pour parler des effets du changement climatique en Guinée, avec un accent mis sur le littoral. Il a fait de la mobilisation de la communauté internationale pour l’atténuation des émissions de gaz à effets de serre. Selon lui, la projection  2000 -2100 prévoit une variation des températures entre de 0,3 à 4,8 °C en Moyenne-Guinée et en Haute-Guinée. De 0,2 à 3,9 °C en Basse-Guinée et Guinée-Forestière.

Les risques majeurs en Guinée sont:

  • Assèchement des terres (partie Nord, Gaoual à Siguiri) ;
  • Perte de la biodiversité;
  • La famine;
  • La migration;
  • Les inondations (pertes des récoltes, d’espèces animales) ;
  • Perturbation du régime pluviométrique (pluies précoces ou en retard) ;
  • Ensablement des cours d’eaux;
  • L’élévation de la température de la surface et du niveau de la mer. L’élévation à environ 1 m du niveau de la mer au cours du XXIe siècle en Guinée renforcera l’ampleur de l’impact des tempêtes de mer. Le littoral guinéen est menacé. Il cite des exemples : les villes de Kamsar, Boké, Conakry, Coyah, Boffa, Forécariah. La mer a avancé de 100 à 150 m en 30 ans. Le Ministère de l’Habitat doit prendre en compte le changement climatique dans la politique nationale de l’habitat. Les quartiers comme Dixinn, Kakimbo, Lambanyi sont occupés de façon anarchique.

Le projet « Renforcement de la résilience et adaptation aux impacts négatifs du changement climatique dans les zones côtières vulnérables de la Guinée » est mis en œuvre.  Ce projet va dans le sens de l’adaptation au changement climatique. C’est à travers ce projet que les guinéens ont réellement compris c’est quoi  le changement climatique.

« La Méthodologie de recherche en Histoire »

Dr Maladho Siddy Baldé est professeur d’Histoire à l’Université de Sonfonia. Le 8 avril, il a animé une conférence sur le thème « Méthodologie de recherche en Histoire ». Pour lui, l’historien ne cherche pas la vérité, il cherche les faits, il cherche la mémoire du peuple. La méthode en Histoire n’est pas une science politique, ce n’est pas penser demain. L’historien cherche les faits d’hier, il n’y a pas d’historien de demain. La méthode historique cherche à établir les causes des évènements historiques.

En faisant de la recherche selon lui, tout est bon, on ne conditionne pas, on collecte l’information pour vue que cela nous apporte des données pour faire la critique interne et externe. La méthodologie doit nous libérer, on ne s’emprisonne pas. On ne recueille que les données auprès de l’informateur. Ensuite, on peut appliquer les normes. La méthode tient compte du sujet, du temps et de l’espace. Le raccourci n’est pas vrai en Histoire. Dans la méthodologie, ce qui est maître c’est le doute.

Pour Dr Maladho, tous les moyens sont bons sauf ceux qui sont illégaux, car il faut toujours avoir l’autorisation de la source, ne pas paraphraser sans donner la source, ne pas critiquer quelqu’un sans son autorisation, ne pas imposer à l’informateur le lieu de l’entretien, avoir la sincérité d’utiliser l’information dont nous disposons. L’information doit avoir sa source absolue, reconnaitre une information qui n’est pas la nôtre.

En faisant de la recherche on doit se poser des questions: À quoi sert ma recherche ? Quand est-ce que la recherche doit se terminer ? Comment je dois la mener? Se poser des questions sur la sécurité de la recherche, de l’équipement, des données.

« Genre et Développement »

Le 7 avril, c’est la bibliothèque américaine de Sonfonia qui a abrité la table ronde sur le thème « Genre et développement », organisée par le CIRD. Elle a été animée par la Professeure Kadiatou Lamarana Diallo, Directrice adjointe de l’Ecole doctorale de l’université de Sonfonia), Dr Mabetty Touré, Cheffe de la chaire Genre et Développement à université Sonfonia, Dr Djénabou Barry, professeure d’Histoire à université Sonfonia et Dr Makalé Traoré, ancienne ministre et Présidente du Réseau des femmes anciennes ministres et parlementaires).

Les échanges ont porté sur les pesanteurs culturelles qui affectent les femmes, la polygamie, les mariages arrangés ou forcés, la faible représentativité des femmes dans les sphères de prises de décisions, la scolarisation des jeunes filles, les mutilations génitales féminines et les stratégies à mettre en œuvre pour la promotion des droits des femmes conformément aux conventions internationales et autres instruments juridiques guinéens. Le discours de clôture a été prononcé par le recteur Monsieur Mamady Kourouma, qui a magnifié l’engagement des femmes universitaires en faveur de la prise en compte du genre dans le processus de l’éducation.

L’impact de l’épidémie d’Ebola, sur le système financier Guinéen »

Le virus Ebola a causé des dégâts énormes dans les pays touchés. La Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), comme beaucoup d’autres institutions nationales et internationales, a mené une étude portant sur « L’Impact de l’épidémie d’Ebola sur le système financier guinéen ». Le 1e avril 2017, l’étude était le thème d’une conférence-débat au CIRD, animée par M. Ahmed Tidiane Diallo, Directeur des études à la BCRG.

Selon lui, la Guinée a traversé une crise économique sans précédent, provoquée par la maladie à virus Ebola qui a sévi de 2014 à 2016. Avant cette épidémie, la prévision de croissance était de 4,5 %. Avec Ebola et 2400 décès, il y a eu la baisse de la production due à la baisse des investissements, le déficit budgétaire, l’arrêt de projets, la chute des revenus des ménages, les difficultés d’approvisionnement des banques en devises et le fonctionnement des marchés perturbé. Pour la relance post-ébola du système financier guinéen, l’étude recommande :

  • La Banque centrale devra apporter son soutien au gouvernement, organiser une réunion technique pour que chaque secteur puisse faire le diagnostic ;
  • Poursuivre les efforts pour mobiliser les ressources ;
  • Construire et rénover des infrastructures sanitaires ;
  • Définir une politique spéciale de relance économique ;
  • Améliorer les transactions financières, les capacités d’absorption des ressources afin de pouvoir décaisser les ressources.

«Le travail décent pour les travailleuses de maison et la loi 189 de l’OIT »

Cette conférence a eu lieu le 31 mars 2017, animée par madame Doukouré Asmaou Bah, Secrétaire générale du syndicat national des travailleuses et travailleurs domestiques de Guinée. La conférence avait pour but d’attirer l’attention sur le fonctionnement de ce secteur mal réglementé. Les travailleuses et travailleurs domestiques sont victimes d’abus, du non-respect des contrats de travail, surmenage, etc. L’ONU a mis au point des dispositifs de protection de cette couche composée majoritairement d’enfants et des femmes en majorité analphabètes.

Selon l’OIT, bon nombre de filles de moins de 16 ans font des travaux domestiques. En 1989, l’OIT déclare que les enfants sont les plus vulnérables. Les femmes domestiques souffrent de la confiscation de leurs passeports dans certains pays étrangers. Nombre de gouvernements considèrent que cette activité relève du travail informel difficile à réguler. Par conséquent, il y a une exclusion des droits des travailleurs domestiques.

En Guinée, leur situation n’est pas prise en compte et on ne vulgarise pas les instruments juridiques de l’OIT (la loi 138 par exemple relative à l’âge minimum des enfants).

Parmi les recommandations, il est demandé de renforcer le plaidoyer et le lobbying pour la prise en compte des préoccupations des travailleuses et travailleurs domestiques.