Panel sur « Le système national d’information de la Guinée : état des lieux et perspectives »

« Le système national d’information de la Guinée : état des lieux et perspectives » a été animé par un panel de professionnels du système. Il s’agit des Directeurs des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale, du Musée national, du Centre de Documentation Universitaire Scientifique et Technique (CEDUST), et du Centre de documentation audiovisuel de la Radiotélévision guinéenne.

Des communications qui ont permis d’avoir un aperçu général sur le fonctionnement des structures d’information et de documentation du pays.

Les échanges ont permis de comprendre que :

  • l’accès à l’information scientifique et technique est une nécessité incontournable pour le développement d’un Etat ;
  •  le droit à l’information est un droit fondamental pour tout citoyen ;
  •  les musées, bibliothèques, archives et centres de documentation jouent un rôle essentiel et croissant dans la vie administrative, sociale, économique, scientifique et culturelle de notre pays;
  •  les centres d’information documentaire constituent des éléments importants du patrimoine culturel national, une base indispensable du développement rapide du pays ;
  •  le progrès des structures de documentation passe nécessairement par la création des services et la gestion correcte des ressources humaines et financières ;
  •  une information fiable et accessible contribue à une bonne prise de décision.

Aussi pour permettre à la Guinée d’être une partie intégrante de la société de l’information, beaucoup d’efforts organisationnels et financiers doivent être déployés, pour former les ressources humaines et accroître les équipements d’information, de documentation et de communication.

Inauguration le 25 mars 2017

Le CIRD a été inauguré le 25 mars. La cérémonie a mobilisé autour de la Madame Safiatou DIALLO, fondatrice, Monsieur Moustapha Mami Diaby, ministre des Postes, Télécommunications et de l’Economie Numérique ainsi que plusieurs autres personnalités.

L’accent a été mis sur les enjeux et défis liés à l’accès à la formation, la recherche et la documentation dans le processus de développement de la Guinée. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la pauvreté en Guinée. La cérémonie a été ponctuée de conférence et de panel sur trois thèmes.

Thèmes exposés

« La recherche: ses exigences et ses réalités ». C’était l’un des thèmes présentés à l’occasion de l’inauguration du CIRD. Celui-ci a été animé par le professeur Djibril Tamsir Niane. Selon le conférencier, la recherche construit la vie de l’homme. Les découvertes quant à elles ont permis d’avoir une meilleure vie et l’épanouissement de la société. La recherche ne se décrète pas, ce sont les peuples qui font leur recherche.

Pour le Professeur Niane, à son indépendance, la Guinée a créé des revues scientifiques (Recherches Africaines en 1959, Jean Suret Canale en a été le premier directeur). Il a rappelé que les centres de recherche de Sérédou et Foulayah ont existé depuis la période coloniale.

Il a ajouté que la recherche scientifique exige du financement. Que malgré des chercheures locaux, la recherche en Afrique peine à se hisser au sommet. Il se rappelle encore l’apparition, en 2014, de la maladie à virus Ebola en Guinée ; il a fallu recourir aux laboratoires étrangers (Sénégal et France). Pour finir, il a dit qu’il ne peut parler de véritable développement qu’à travers la recherche scientifique.

Genre et Développement » a été le second thème. Il a été exposé par la Professeure Kadiatou Lamarana Diallo, Directrice adjointe de l’Ecole doctorale de l’Université Général Conté de Sonfonia Conakry.

La problématique du genre et développement consiste à ne pas marginaliser les femmes, mais plutôt à les mettre au même niveau que les hommes, a-t-elle souligné. Lors de la conférence de Beijing en Chine en 1994, il a été noté que les femmes étaient les plus pauvres en termes de ressources économiques. Ce qui est contraire au principe selon lequel « Le développement est un processus global qui inclut le social, le culturel, l’économique, visant le bien-être de tous. » Ce qui exige que les hommes et les femmes soient complémentaires et que l’équité, la justice et la cohésion sociale soient une réalité.

« L’Ecole de Dakar et la décolonisation de l’histoire africaine ». Ce thème, troisième de la journée, a été animé par le Professeur Boubacar Barry de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar (Sénégal).

L’historien a indiqué que l’Ecole de Dakar remonte au 19e siècle, où Dakar était la capitale de l’Afrique occidentale française, donc le lieu où la plupart des élites africaines ont été formées. Ce qui a permis de réhabiliter l’histoire africaine. Cette histoire part du Sénégal en ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest. Il citera dans son exposé quelques intellectuels qui ont marqué cette histoire :

  • Le poète Léopold Sédar Senghor, mort en 2000, dont la participation à l’éveil des consciences a été primordiale. Le Professeur a rappelé le rôle de Senghor dans la création de l’Association des Historiens de l’Afrique noire en 1972.
  • Cheick Anta Diop, mort en 1986, voulait une fédération de l’Afrique noire, il a beaucoup influencé l’Egyptologie.
  • Abdoulaye Ly, mort en 1958, a aussi joué un rôle pour la réhabilitation de l’histoire africaine.

Il a précisé ces personnalités, quoiqu’elles aient influencé l’Ecole de Dakar, n’ont tout de même pas enseigné à l’Université de Dakar. Ils se sont inscrits dans le domaine politique. Et que rarement ils se sont rapprochés, c’est le cas d’Abdoulaye Ly qui avait rejoint le gouvernement de Senghor en 1970, avant d’être remplacé par Abdou Diouf (Premier Ministre).

Amadou Mathar Mbow, (ancien Directeur général de l’UNESCO), aujourd’hui âgé de 95 ans, Jean Suret-Canale, Joseph Ki-Zerbo, Djibril Tamsir Niane, ont beaucoup contribué à réécrire de l’histoire de l’Afrique.

Le conférencier de déclarer que l’Ecole de Dakar n’appartient pas au Sénégal mais à toute l’Afrique et que Dakar est le seul endroit où les archives n’ont pas été envoyées à la métropole (France). Actuellement, l’Ecole de Dakar s’oriente vers des études sur la prison, l’armée, le syndicalisme, etc, conclut-il.

Ciné-débat : « Fatou la Malienne »

Le film de Daniel Vigne traite du mariage forcé. Le CIRD l’a projeté le 18 mai 2017. C’est l’histoire d’une jeune fille de 18ans née en France d’un couple de Maliens. Après son baccalauréat, Fatou travaille dans un salon de coiffure et son rêve était de s’installer à Londres comme coiffeuse pour les grands couturiers. Ce rêve sera brisé par ses parents qui la marient de force à un de ses cousins venu du Mali conformément à la tradition.

Le débat a été animé par Binta Ann, auteure de Mariage par Colis et présidente de la Fondation Binta Ann pour les Enfants (FONBALE). La tendance à transporter et transposer les coutumes africaines en occident alors que cela ne colle pas aux réalités a été dénoncée. Binta Ann qui soutient avoir elle-même échappé à un mariage arrangé avec un de ses cousins a fait état de la pression des parents et de la famille pour imposer à des jeunes filles parfois mineures un mari. Il y a souvent un réseau d’escroquerie autour de ces mariages forcés. Binta Ann cite en exemple le pagne nuptial tacheté de sang et exhibé après que Fatou ait eu des relations sexuelles forcées avec son mari. Elle qualifie cela de viol parce que Fatou n’était pas consentante. Et pire, elle était séquestrée dans une maison.

Binta Ann dira que dans le mariage forcé, les hommes sont aussi piégés. Souvent des parents imposent des femmes à leurs fils.

L’espoir pour changer les mentalités est tout de même permis, cela grâce au combat engagé pour la lutte contre les violences basées sur le genre.

Activités culturelles Ciné-débat : « L’homme qui répare les femmes »

Le lancement officiel des activités du CIRD a été précédé, le 8 mars (Fête internationale de la femme) par la projection du documentaire L’homme qui répare les femmes, un film de Thierry Michel et Colette Braeckman qui traite de l’aide apportée par le Docteur Denis Mukwege aux femmes victimes d’abus sexuels, durant les guerres  dans l’est du Congo (RDC).

Les intervenants(es) lors du débat ont plaidé pour une synergie d’action afin de mettre fin aux violences basées sur le genre en  Guinée, pays où les cas de viols et de violences conjugales sont de plus en plus notifiés. Un plaidoyer a été également fait pour la promotion et la vulgarisation des textes consacrant les droits des femmes en Guinée.

Un cocktail a mis fin à l’événement.