RESUME : LE CINEMA, UNE PRATIQUE SOCIALE ET CONTESTATAIRE DANS LES ANNEES 50 EN AFRIQUE

« Le cinéma, pratique sociale et contestataire dans les années 1950 en Afrique »

Odile GOERG

Professeure émérite, Histoire de l’Afrique contemporaine,

Université de Paris, Paris Diderot-CESSMA

Présidente du Conseil Scientifique du CIRD.

Le cinéma connut un succès rapide dans les villes d’Afrique. Encore fallait-il que l’offre en salles existe. Celle-ci se développe rapidement après 1945 dans le contexte d’effervescence politique et de demandes des publics. Elle suit un double mouvement : extension spatiale vers des quartiers autrefois non pourvus en cinémas, les banlieues naissantes dont l’essor est vif ; expansion sociale touchant des catégories de plus en plus larges. C’est dans ce cadre, que le rôle du cinéma, comme pratique sociale et contestataire, est analysé. Le cinéma, avant tout espace de détente et de rencontres, est en effet aussi un lieu de subversion, car il diffuse des images éloignées du modèle de la « mission civilisatrice » : images de brigands, de débauchés, de « femmes faciles »… Il est également un lieu d’expression contestataire face à la domination coloniale. La « salle obscure » permet en effet de s’exprimer dans l’anonymat, en toute impunité, tandis que la masse des spectateurs, formant collectif, encourage la parole ou les interjections. Le public, composé surtout des jeunes hommes avides de westerns et de films policiers, s’agite. Les scolarisés, de plus en plus nombreux et connectés à l’étranger par la circulation de revues ou des étudiants, réagissent également, en contestant les discours et les images racistes des films occidentaux, notamment en provenance d’Hollywood. A la même époque, les films arabes, c’est-à-dire égyptiens, propose une version alternative au modèle de décolonisation occidental, celui du panarabisme, que les autorités coloniales tentent d’interdire en AOF.

Les années 1950 voient également se dérouler des discussions sur le rôle du cinéma dans les futurs États indépendants et dans la formation de la jeunesse. Les débats, auxquels participent notamment Paulin Vieyra et Jean Rouch, portent également sur la nécessité d’un cinéma proprement africain, c’est-à-dire réalisé par des cinéastes africains.

 

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