SEMINAIRE SCIENCES SOCIALES – GUINEE (3SG) INVESTIT LA COMPLEXITE DES EXPRESSIONS CULTURELLES
Ce mercredi 04 décembre, le CIRD a accueilli le troisième séminaire sciences sociales – Guinée (3SG) co-orgnaisé par le CIRD, l’IRD-CERFIG, le MASDEL et le LASAG laboratoires de recherches basés à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia – Conakry (UGLC -SC). En présence dune trentaine de chercheurs et d’étudiants en Master. M. Abdou Ndao, anthropologue et directeur exécutif du CIRD a présenté le thème intitulé : Identités culturelles en Guinée Bissau, en Gambie et au Sénégal : approches croisées et enseignements méthodologiques. Pr Moustapha Keïta Diop, doyen de la faculté des sciences sociales de l’UGLC-SC et responsable du Laboratoire LASAG/UGLC-SC était le discutant.
Resumé de l’intervenant : Globalement, l’anthropologue Ndao s’est posé la question du Comment produire du SENS en combinant l’anthropologie, la photographie et le stylisme ? C’est le projet de trois spécialités pour saisir la complexité des identités culturelles au Sénégal, en Gambie et en Guinée Bissau. A travers un parcours initiatique le long des peuples tenda (sud-est du Sénégal) jusqu’aux confins des iles bijagos (Guinée Bissau) en passant par les ajamaat/floupès (Basse Casamance, Sud de la Gambie, Guinée Bissau), ce projet décrit la complexité des rites initiatiques et des fonctions sociales des fétiches, des systèmes de gouvernance locale et traditionnelle, des royautés encore vivaces…Il bat en brèche des préjugés et stéréotypes encore vivaces dans les imaginaires de peuples considérés comme minoritaires.
Pendant plus de 7 ans, trois chercheurs poursuivent leurs itinéraires pour mieux saisir du sens dans des contextes de collaboration assumée mais parfois d’hostilité dissimulée voire explicite. Les enseignements méthodologiques sont divers. Ils vont des négociations et renégociations permanentes que le terrain impose aux chercheurs. Le sacré et le profane restent encore des espaces délimités qu’il faut négocier au gré des humeurs ou principes des peuples. Face à l’inaccessibilité des espaces ou interstices ou grappes les chercheurs déploient des stratégies spécifiques qui sont-elles mêmes en permanents réajustements. Du coup l’anecdotique devient du sens car il permet de mesurer les décalages épistémologiques et épistémiques entre les chercheurs et les peuples. Enfin, ce projet déconstruit les espaces et les lieux qui se révèlent dans leur cohérence culturelle et cultuelle. Entre le Sénégal, la Guinée, et la Gambie se jouent des similitudes et des différences enrichissantes. Comment l’anthropologie, la photographie et le stylisme arrivent-ils à COMPARER ? Comment éviter les essentialismes ethno-photo-stylistiques qui caricaturent les complexités et expressions culturelles de ces peuples ? Sommes-nous méthodologiquement préparés à y faire face ? Quelles parties des mystères arrivons nous à percer ?
A la suite de M. Ndao, plusieurs questions ont porté sur des enjeux méthodologiques et épistémologiques relatifs à la notion d’essentialisme anthropologique, le statut de cartes postales et les visées présumées de la neutralité des photos et du photographe, le rôle du stylisme dans la cohérence globale du projet, la distanciation critique par rapport aux objets épistémiques et les postures épistémologiques des chercheurs, les limites des espaces et des territorialités, la pertinence de cette approche anthropologique comparativement à l’anthropologie classique, les configurations, reconfigurations des rites initiatiques, les négociations et renégociations permanentes qui s’imposent aux chercheurs pour s’adapter aux espaces fermés, les cohabitations entre les systèmes de chefferie traditionnelles et les Etats, les marqueurs identitaires qui définissent les expressions culturelles et les limites de leurs interprétations factuelles.
Le 8 janvier 2020, Pr Frederic Le Marcis de l’IRD-CERFIG sera la quatrième intervenant et présentera un thème sur la criminalisation de l’excision au Burkina. Ce sera au LASAG à l’UGLS-SC de 10 heures à 12 heures GMT.