Les avantages et inconvénients du jeûne

L’endurance, la solidarité, la capacité à prendre une décision et de choisir, la rigueur, la modestie, la discipline, l’humilité, sont entre autres traits qui caractérisent le jeûneur. Le 12 mai au CIRD, Cheick Oumar Barry, islamologue et Directeur général de l’Ecole internationale de Conakry et Dr Ibrahima Sory Diallo, nutritionniste en service à l’INSE (Institut national de nutrition et de l’enfance) ont co-animé une conférence sur « Les avantages et les inconvénients du jeûne sur l’organisme ». Les avantages sont spirituels, sociaux, physiques mais aussi sanitaires. Le jeûne renforce le lien entre les fidèles d’une part, entre eux et leur Créateur d’autre part. L’islamologue considère le jeûne comme une école où le fidèle apprend à vivre avec ses semblables dans la solidarité, la fraternité et l’humilité et d’où il sort avec une foi renforcée et un lien avec son Créateur consolidé.

Sur le plan sanitaire, Dr Ibrahima Sory soutient que le jeûne régénère le corps, renforce l’immunité. Pour lui, cette pratique qui consiste se priver volontairement d’alimentation dans un temps limité est bonne la santé. Le jeûne prévient les maladies qui passent par la cavité buccale et donne une haleine pure et une santé dentaire. Le jeûne désintoxique l’estomac, favorise son repos ainsi que celui des organes nobles et donne un bien-être. Il permet de consommer les dépôts de la surconsommation. Au niveau du cœur, les triglycérides diminuent avec le jeûne, les vaisseaux augmentent et facilitent la circulation du sang.

Malgré ces multiples avantages, le jeûne peut entraîner des complications chez certains sujets, notamment la carence alimentaire, l’anémie, le trouble du rythme, l’hypoglycémie… Selon lui, le jeûne est contre indiqué chez la femme enceinte ou la nourrice, les personnes âgées, celles qui souffrent d’une insuffisance cardiaque ou rénale avérée, celles qui souffrent de l’hépatite ou qui traînent un diabète mal équilibré.

Il a conseillé une alimentation équilibrée : ne pas se gaver la nuit et rompre avec du liquide chaud, de préférence de l’eau avant les autres aliments.

Journée mondiale de la presse : Le CIRD à la rencontre des futurs journalistes

« La responsabilité sociale des professionnels de médias dans le domaine des Droits de l’Homme ». C’est le thème de la conférence qui a été animée par Chaikou Baldé, journaliste, président de l’Alliance des Médias pour les Droits humains en Guinée. La rencontre, initiée par le Centre International de Recherche et de Documentation (CIRD) s’est tenue à l’Institut supérieur de l’information et de la Communication (ISIC) Kountia, le 3 mai 2018, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

La rencontre a mobilisé de nombreux étudiants, enseignants, des professionnels de médias, des cadres du ministère de la Communication, le représentant du Haut-commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme et les cadres du CIRD.

Mamadou Yaya Cissé, Directeur général adjoint chargé des études à l’ISIC, hôte de la rencontre, a exprimé sa joie et rappelé la mission de son institution : « La formation initiale des futurs journalistes et futurs communicants du pays. Donc, ces échanges permettront d’apporter un plus à la connaissance ou à l’enseignement théorique que nous donnons à nos étudiants dans les salles de classe ».

Monsieur Sako représentant le représentant résident du Haut-commissaire général des Nations Unies aux droits de l’homme en Guinée. Il a salué l’initiative du CIRD qui vise à aller à la rencontre des étudiants pour échanger avec eux sur les responsabilités qui seront les leurs. Pour lui, en Guinée comme partout ailleurs, la formation et le respect de la loi restent les défis à relever pour les promoteurs des droits de l’homme en général, des droits des journalistes en particuliers.

Ce fut l’occasion de présenter le CIRD et ses activités. Une structure indépendante agréée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui œuvre  dans les domaines de la recherche, de la documentation et de la Formation continue ; sa bibliothèque très fournie permet aux étudiants, enseignants, chercheurs et professionnels d’avoir accès à des ouvrages aussi bien généraux que spécialisés.

L’exigence de professionnalisme, les menaces qui pèsent sur la corporation, la problématique de l’accès à l’information, les conditions de vie et de travail des journalistes, ces différents thèmes ont alimenté les débats. Pour les différents intervenants, le respect de la loi en vigueur par l’ensemble des acteurs est le passage obligé pour arriver un journalisme professionnel.

Cette rencontre a servi de cadre à la signature d’une convention de partenariat entre le CIRD et l’Association des professionnelles africaines de la communication (APAC-Guinée). Un partenariat qui traduit la volonté du CIRD d’accompagner les femmes de plus en plus nombreuses à opter pour le journalisme, notamment en matière de formation continue.

Quant à Chaikou Baldé, le conférencier, il a replacé la date du 03 mai dans son contexte historique. Rappelant qu’elle marque « l’anniversaire de la déclaration de Windhoek qui est un énoncé de principe établi par les journalistes africains en 1991, appelant à une presse libre, indépendante et pluraliste sur notre continent et à travers le monde. Cette déclaration affirme que la liberté de la presse est indispensable à l’existence de la démocratie et constitue une aspiration fondamentale de l’homme. Pour nous femmes et hommes des médias, la déclaration de Windhoek marque une étape importante de la lutte pour la liberté de la presse dans toutes les régions du monde. » Pour lui, cette déclaration est la réaffirmation de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 dans laquelle il est dit :  « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de rependre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».

Quid du défenseur des droits de l’homme ?

Il s’agit, selon le conférencier, de toute personne qui, individuellement ou en association avec d’autres, œuvre à la promotion et (ou) à la protection des Droits de l’Homme.

S’agissant des médias et les droits de l’homme, le conférencier rappelle le lien en se basant sur cet extrait : « Une presse libre, pluraliste et indépendante est une composante essentielle de toute société démocratique ». Il est tiré de la déclaration de l’UNESCO qui, en 1983, établissait le lien entre le journaliste et les droits de l’Homme :

  • Le véritable journaliste défend les valeurs universelles de l’humanité, en particulier la paix, la démocratie, les droits de l’homme… ;
  • Le journaliste participe activement aux transformations sociales orientées vers une amélioration démocratique de la société et il contribue, par le dialogue, à établir un climat de confiance dans les relations internationales, propre à favoriser partout la paix et la justice, la détente, le désarmement et l’épanouissement national ;
  • Le journaliste peut contribuer à éliminer l’ignorance et l’incompréhension entre les peuples, à rendre les citoyens d’un pays sensibles aux besoins et aux désirs des autres, à assurer le respect des droits et de la dignité de toutes les nations, de tous les peuples et de tous les individus.

Il a également évoqué le journalisme citoyen, né de l’obligation morale, de la volonté de changer les choses et de transformer la société. Cette forme de journalisme est profitable surtout à la collectivité et se distingue par l’originalité des articles et reportages.

Chaikou Baldé dira en fin que la responsabilité sociale des journalistes en matière des droits de l’homme exprime tout ce qui a trait au travail du journaliste pour soutenir, appuyer, renforcer voire consolider les droits humains dans un pays. Cette responsabilité sous-entend le rôle et la place des médias dans le domaine des droits de l’homme.

La réconciliation nationale en débat

Samedi 21 avril, Ibrihima Sanoh, écrivain, a donné une conférence-débat au CIRD sur le thème : Pour une réconciliation nationale en République de Guinée, qui est aussi le titre de son essai sur l’histoire de la Guinée indépendante, paru en décembre 2017 chez SAEC.

Le conférencier est a livré le contenu de son ouvrage dont voici des extraits :

L’histoire de la Guinée indépendante n’est pas enseignée dans le cadre de l’enseignement formel. Elle ne fait l’objet d’aucun manuel scolaire.  Elle n’est pas consensuelle. En République de Guinée, plusieurs variantes de l’histoire se confrontent et les tenants de chacune d’elles, selon les intérêts ou les affections ; l’utilisent pour tirer, chacun, la couverture de son côté. Elle est conflictuelle et divise.

Evoquer cette histoire peut donner lieu à des remontrances ou à toutes les simplifications telles que : « Ne réveillez pas les morts ! », « Tournez la page ! », «  La Guinée est une famille ». Pourquoi fuyons-nous notre histoire ? Pourquoi l’avons- nous couverte du voile pudique ? Pourquoi refusons-nous de l’assumer ?

Elle est faite de douleurs, de sueurs et sangs,  de meurtres, de blessures et de douleurs, de viols et aussi des rendez-vous manqués. Ne voulant rien assumer, la politique de l’oubli a été implémentée, elle consiste à ne pas l’évoquer, à ne pas l’assumer, à ne pas en tirer des leçons et de divertir à son sujet.

Un pays, comme le nôtre,  sans politique de juste  mémoire  saurait-il réussir son pari de développement ? L’histoire n’est-elle pas une émule du temps, un dépôt des actions humaines,  un  témoin du passé, un exemple du présent,  un enseignement pour l’avenir ?  On ne peut pas tourner la page de l’histoire avant de l’avoir lue.

Ainsi, l’essai «  Pour une Réconciliation Nationale en République de Guinée » interroge l’histoire de la Guinée indépendante, l’analyse.  De ce travail d’analyse et d’interprétations du fait historique découle une conclusion sans appel : elle est tronquée,  falsifiée à dessein  et non assumée.  Cet essai ambitionne de réconcilier l’Etat avant lui-même et avec ses citoyens pour faire renaître une nouvelle arche d’alliance et réécrire une variante de l’histoire qui soit consensuelle.

Composé de 202 pages, l’essai se subdivise en quatre chapitres. Le premier, intitulé «  Comment sommes-nous arrivés là ? » fait une analyse de l’histoire afin de  faire le bilan de la gestion de notre indépendance, de ressortir les points de frictions, nos manquements et errements  et de justifier l’imminence d’une réconciliation nationale.

Le deuxième chapitre s’intéresse à la méthodologie de la réconciliation et esquisse les substrats théoriques de la problématique en tenant compte de nos réalités, de la singularité de notre histoire et des meilleures pratiques de réconciliation à travers le monde.  Dans cette méthodologie de la réconciliation, l’auteur définit la réconciliation, il parle de la commission de réconciliation, de sa composition,  de ses mandats et  de ses missions de rétablissement des vérités personnelles, dialogiques et factuelles à travers les auditions publiques et à huis clos. Il traite les questions de justice, de son application dans la limite humaine possible. Par ailleurs, il traite les questions liées à l’amnistie, aux réparations, aux excuses officielles de l’Etat, au pardon et de la démarche à adopter pour la réécriture de l’histoire afin d’éviter la négation et la falsification de l’histoire consensuelle qui sera rédigée  à  la suite du  travail de la commission de réconciliation.

Selon  l’entendement de l’auteur, la réconciliation n’est pas statique, ponctuelle, elle n’a pas seulement pour dessein de solder le contentieux historique, elle est aussi transversale et évolutive. La question mémorielle ayant été abordée, du moins théoriquement dans le précédent chapitre, les autres facettes de la problématique ont été abordées par l’auteur  dans le troisième chapitre  « les réformes nécessaires à la réconciliation nationale  ». Ces réformes sont  économiques, politiques et sectorielles (de l’éducation, de la justice, de la gouvernance).

Dans le dernier chapitre, l’auteur traite des « erreurs à éviter  » afin d’éviter à l’initiative de réconciliation nationale l’échec et  la trahison. Ces erreurs sont entre autres : la manipulation de la religion pour justifier le pardon, la constitution d’un gouvernement d’union nationale et la réconciliation politique.

Dans les débats, la question de volonté politique a été évoquée. Pour nombre d’intervenants, c’est à l’Etat de monter le chemin en assumant son rôle dans l’histoire de la Guinée. Aussi, pour une réconciliation nationale, il faut bannir le népotisme, le régionalisme, faciliter un accès équitable à tous à la justice, aux postes de responsabilités dans l’administration.