Excision : Haro sur la pratique

Du 15 au 21 août, le Centre international de Recherche et de Documentation (CIRD) a sensibilisé, à travers un Ciné-débat, les populations des villes de Mamou, Faranah et Labé sur les méfaits des mutilations génitales féminines et les mariages précoces. L’activité est soutenue par la GIZ (Coopération allemande) à travers son volet Santé de reproduction et de la famille. L’objectif est de conscientiser la population sur les dangers liés à ces pratiques, surtout que les vacances sont l’occasion pour les parents d’envoyer les filles à l’opération. Dans chacune des villes, le film Moolaadè de Sembène Ousmane a été projeté et des débats ont suivi pour permettre à l’assistance de donner son impression. Chaque étape était une occasion de mobiliser les autorités administratives, sanitaires, judicaires, les exciseuses, la société civile, les associations les jeunes, les groupements féminins ainsi que les conseillers techniques de la GIZ. Moolaadè est un long métrage qui traite des pratiques de l’excision en Afrique.

A Mamou

L’activité a eu lieu le 16 août au Centre 2 Etoiles, en présence d’une centaine de personnes. Le modérateur du débat était le Docteur Alpha Oumar Baldé, médecin de Santé publique. Le vice-maire de Mamou, le président du CECOJE (Centre d’écoute et de conseil pour les jeunes) et monsieur Koulibaly de la société civile, ont tous salué l’initiative et appelé au changement de comportement. Hadja Kédé Sylla, sage-femme, est ancienne exciseuse : « Pour être claire avec vous, j’ai été moi-même exciseuse pendant de nombreuses années avant de prendre conscience des conséquences liées à cette pratique profondément ancrée dans nos cultures. Après ma prise de conscience, j’ai été la seule femme à pouvoir réunir toutes les exciseuses de la ville de Mamou et des villages environnants pour participer à un programme de sensibilisation sur les Mutilations Génitales Féminines /Excision organisé par le Ministère des Affaires Sociales et de la Promotion féminine qui n’a pas donné les résultats escomptés. On nous a demandé de déposer les couteaux, mais certaines exciseuses continuent la pratique à l’aide des lames », a témoigné dame Sylla. Qui dit que les lames sont plus tranchantes ? Hadja Kadé Sylla plaide pour des actions concrètes en faveurs des exciseuses. Quant à dame Adama Diop de la GIZ, mettre fin à ces pratiques « nécessite une synergie d’actions dans la sensibilisation. » On préconise de recenser, sensibiliser et former les exciseuses traditionnelles et les sages-femmes pour les amener à être des protectrices des jeunes filles.

A Faranah

Le film a été projeté le 18 août au CECOJE. Au Sankaran, la justice a récemment condamné un père pour avoir forcé sa fille à se marier. Le substitut du procureur de Faranah a profité de la mobilisation pour brandir l’article 319 du nouveau Code pénal : « Le mariage précoce et le mariage forcé sont formellement interdits. Est précoce tout mariage dont l’une des parties est âgée de moins de 18 ans. Tout mariage doit être conclu sur la base d’un consentement mutuel, libre et volontaire dans chacun des futurs époux majeurs de sexe opposés, sauf dispositions particulières ». Pendant les débats, l’idée d’un projet a jailli, celui intitulé “Seconde chance Guinée » dont l’objectif est d’orienter les exciseuses vers des micros projets pour leur permettre de définitivement abandonner les Mutilations Génitales Féminines, sachant que la justice est prête à condamner toute personne qui exercerait cette pratique.

A Labé

L’événement a eu lieu le 21 août en présence des autorités. Lors d’un entretien, Sadou Kéita, gouverneur de Labé, a déclaré : « Les jeunes filles aujourd’hui épousent des comportements qui poussent leurs parents à anticiper leur mariage pour ne pas connaitre la honte liée aux grossesses non désirées. Et en ce qui concerne l’excision, il faut une vaste campagne de sensibilisation soutenue de formation des exciseuses sur le sujet afin de les orienter vers des secteurs vitaux après avoir définitivement déposé les couteaux de l’excision. Mettre en place une police de proximité en collaboration avec la justice ». Mais, ajoute le gouverneur, l’éducation sexuelle ne doit pas être négligée. La présidente de l’association des femmes balayeuses de Labé pense que « Si les exciseuses avaient des micro-projets pour subvenir à leurs besoins, ces pratiques auraient pris fin ». Hawa Cissé, présidente des teinturières de Labé, est catégorique : « A partir de maintenant, toute personne qui excisera sa fille ou qui donnera sa fille mineure en mariage avant l’âge, sera punie par la loi. Il faut aussi penser à comment orienter ces exciseuses vers d’autres activités génératrices de revenus pour leur autonomisation ». Le Docteur Edmond Guémou, historien, a invité les participants à multiplier les causeries dans leurs localités respectives autour des risques liés aux Mutilations Génitales Féminines /Excision et aux mariages précoces.

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